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Le XXe siècle




La Troisième République voit se constituer les grands partis politiques de droite et de gauche. Sur le plan diplomatique, les tensions montent entre la France et l'Allemagne. L'assassinat de l'archiduc autrichien François-Ferdinand en juin 1914 déclenche les hostilités : la guerre est déclarée. Après quatre années de conflit, la France sort ruinée de cette Première Guerre mondiale qui cause la mort de plus d'un million trois cent mille hommes. À peine rétablie des séquelles du conflit, la France est affaiblie par la crise économique, issue du krach bousier de Wall Street d'octobre 1929. En 1933, l'Allemagne élit un nouveau chancelier, Hitler, décidé à faire de sa nation l'État le plus puissant d'Europe. La France veut éviter à tout prix un nouveau conflit. Sans succès : quelques mois après la signature des accords de Munich, la guerre est déclarée. Au printemps 1940, la France ne parvient pas à endiguer l'offensive allemande. L'armistice est signé le 17 juin. Le nouveau gouvernement s'installe à Vichy et collabore avec les nazis. La Résistance, d'abord informelle, se développe à partir de 1942. Mais il faudra attendre le débarquement du 6 juin 1944 pour que l'Allemagne, prise en tenaille avec la contre-offensive soviétique, capitule en 1945. Une nouvelle fois, la France sort ruinée de ce conflit. Aux horreurs de la guerres s'ajoutent deux nouveaux drames humains : la découverte des camps de concentration, et la première utilisation de l'arme atomique à Hiroshima et Nagasaki. Ces deux événements vont durablement ébranler l'opinion internationale. Mais, alors qu'une nouvelle carte du monde se dessine, l'opposition idéologique des deux grands vainqueurs de la Seconde Guerre mondiale, les États-Unis et l'U.R.S.S., fait entrer l'Occident dans la période de "guerre froide". En dépit de conflits coloniaux en Indochine, puis en Algérie, la France connaît une période de forte croissance jusqu'aux années 1970. Les chocs pétroliers de 1973 et 1979 provoquent un premier ralentissement de l'économie sans toutefois enrayer l'instauration d'une société de consommation qui, en dépit de la crise, se maintient.



La littérature du XXe siècle subit les profonds bouleversements qui secouent le siècle. La modernité crée un nouvel environnement pour les écrivains. Les nouvelles technologies de diffusion que sont tout d'abord la radio, puis la télévision, et enfin l'informatique, se développent parallèlement à l'industrie de la presse et de l'édition. On entre dans l'ère de la culture et de l'éducation de masse. Le marché du livre s'accroît considérablement . Dans ces conditions, l'écrivain est amené à se faire connaître à travers les médias. S'il refuse de se plier à ce passage obligé de la reconnaissance publique, comme par exemple Samuel Beckett ou Julien Gracq, il se condamne lui-même à créer une œuvre réservée à une élite.



La position des écrivains par rapport aux transformations politiques est donc capitale. Dès les années 1900-1910, les débats intérieurs qui agitent le pays, et en particulier l'affaire Dreyfus, créent un clivage dans le monde littéraire. Mais, par-delà cette affaire qui a cristallisé les divergence politiques, il y a, dans le monde littéraire, deux tendances principales. La première est conservatrice. On y trouve des écrivains patriotiques et religieux comme Charles Péguy (1873-1914), mais également d'autres qui, loin d'avoir été, dans un premier temps, socialistes et dreyfusards comme ce dernier, sont des nationalistes convaincus. C'est le cas, par exemple, de Maurice Barrès (1862-1923). La seconde tendance littéraire est marquée par les idées socialistes. C'est dans celle-ci que s'inscrit Anatole France (1844-1924) ou Romain Rolland (1866-1944). Toutefois, il existe également des écrivains inclassables comme Alain-Fournier (1886-1914), Pierre Loti (1850-1923), Valery Larbaud (1881-1957), ou Blaise Cendrars (1887-1961) qui restent en marge de ces influences politiques. Chacun à sa manière, ils trouvent un refuge dans l'idéalisme ou l'esprit d'aventure.



Au lendemain de la Première Guerre mondiale, la littérature est marquée à la fois par les traumatismes du conflit, et par une effervescence créatrice. L'avant-garde se constitue dans le prolongement des initiatives d'un poète comme Apollinaire durant les années 1910. Au dadaïsme qui se développe autour de Tristan Tzara, succède le surréalisme durant les années 1920-1930 avec, à sa tête, André Breton. Des écrivains comme Robert Desnos (1896-1966) cherchent à rompre les règles formelles qui caractérisent le classicisme, et à introduire dans la littérature l'inconscient et le merveilleux. D'autres, comme Paul Éluard (1895-1952), ou Louis Aragon (1897-1982), partagent également dans un premier temps ces aspirations avant de renouer avec un certain "classicisme" dans de nombreux poèmes. L'influence des théories de Freud est l'une des principales origines de cette nouvelle forme d'écriture qui se veut en rupture avec une vision trop rationnelle de la création. Mais, durant les années 1930, l'adhésion des principaux écrivains au parti communiste crée des tensions au sein du groupe surréaliste qui bientôt se disperse. Toutefois, même si le surréalisme est un courant important durant ces années, les écrivains n'y sont pas tous rattachés : Marcel Proust, Paul Valéry, Paul Claudel, ou André Gide, pour ne citer qu'eux, sont à l'origine de nouveaux traitements, et de nouveaux thèmes qui marqueront durablement la littérature du XXe siècle.



La Seconde Guerre mondiale déchire la France. Certains écrivains comme Pierre Drieu La Rochelle (1893-1945), Robert Brasillach (1909-1945), ou Louis-Ferdinand Céline (1894-1961), adhèrent au régime vichyssois, alors que d'autres comme Vercors (1902-1991), André Malraux (1901-1976), ou Jean Paulhan (1884-1968) entrent dans la Résistance. Les années d'après-guerre sont marquées par de nouveaux courants nettement désillusionnés. On entre alors dans ce que Nathalie Sarraute appelle l'"ère du soupçon". Parce que le recours à l'arme nucléaire a, pour la première fois dans l'histoire de l'humanité, montré que l'espèce pouvait s'anéantir, les écrivains sont davantage préoccupés par la situation de l'homme dans l'univers. Et, parce que tout semble tendre vers l'absurde, l'homme est tenu d'agir pour acquérir une certaine densité. C'est le cas, par exemple, dans l'existentialisme de Jean-Paul Sartre, ou dans la littérature de l'absurde d'Albert Camus et d'Eugène Ionesco.



Si les auteurs ne traitent pas directement de l'homme, ils prennent comme objet d'étude la matrice même de la littérature : le langage. Dès lors, la littérature semble se retourner sur elle-même et sur son pouvoir signifiant. Ce phénomène est à rapprocher du doute qui s'empare des écrivains quant au rôle qu'ils peuvent avoir dans la société contemporaine. À cette tendance se rapportent le Nouveau roman, avec en particulier Alain Robbe-Grillet, Michel Butor et Marguerite Duras, mais également un mouvement comme l'Ouvroir de littérature potentielle (l'Oulipo) qui se réunit autour de Raymond Queneau et s'impose des règles d'écriture purement formelles.



Cet intérêt porté au langage suscite également le développement sans précédent de la critique littéraire. Dès le début du siècle, Proust dénonce le procédé critique de Sainte-Beuve qui consiste à commenter les œuvres à partir de la biographie des écrivains. Durant la seconde moitié du siècle, conjointement à l'éclosion de théories structuralistes, la critique multiplie ses outils d'analyse. Peut-être malgré elle, la critique devient un genre autonome. Parmi ses théoriciens les plus célèbres, on trouve notamment Tzvetan Todorov, Roland Barthes, Gérard Genette, Marthe Robert, Georg Lukàcs, ou Mikhaïl Bakhtine.



Dans ce foisonnement de tendances, les tons et les styles s'enchevêtrent. Bien sûr, les genres que sont le théâtre, le roman et la poésie existent toujours. Mais, plus on avance dans le siècle, plus il devient difficile de distinguer le courant précis auquel appartient telle ou telle œuvre. Le Nouveau théâtre par exemple, met en scène des personnages dont on ne sait plus très bien s'ils sont comiques ou tragiques. Il côtoie et ignore un théâtre plus populaire.



Dans le genre romanesque, à l'humanisme des romanciers du début du siècle fait suite une littérature préoccupée par le problème de l'existence. Les personnages sont en proie à un monde qui les dépasse et, comme Bardamu dans Voyage au bout de la nuit de Céline, rejettent les valeurs-repères en constatant l'absurdité du monde.


La poésie, quant à elle, s'autonomise peu à peu. Chaque poète tend à développer une écriture qui lui est propre, sans se rattacher à un courant spécifique comme c'était encore le cas chez les poètes surréalistes. Au début du siècle, Paul Valéry (1871-1945) adopte une écriture soucieuse de la forme et se pose lui-même en théoricien de la poésie. Loin des grands courants, il annonce, dans ses Cahiers, une esthétique du fragment dont ce qu'il est convenu d'appeler la "post-modernité" se souviendra. Les poètes ultérieurs, en particulier Francis Ponge (1899-1988), Henri Michaux (1899-1984), René Char (1907-1987), Yves Bonnefoy (né en 1923), ou encore Philippe Jacottet (né en 1925), s'interrogent sur le véritable lieu de la poésie, et sur son pouvoir d'évocation. Ils ont en commun de questionner le langage, ce qui explique sans doute pourquoi leur travail poétique se double d'un travail de critique littéraire souvent extrêmement lucide.



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