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L'écrivain de la semaine


Pierre de Ronsard (1524-1585)


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Le printemps n’a point tant de fleurs,

L’automne tant de raisins meurs,

L’été tant de chaleurs hâlées,

L’hiver tant de froides gelées,


Ni la mer a tant de poissons,


Ni la Beauce tant de moissons,


Ni la Bretagne tant d’arènes,

Ni l’Auvergne tant de fontaines,

Ni la nuit tant de clairs flambeaux,


Ni les forêts tant de rameaux,


Que je porte au cœur, ma maîtresse,


Pour vous de peine et de tristesse.

Le Printemps - Pierre de Ronsard

Fils de famille aristocratique, parent de Bayard et de la reine Elisabeth d'Angleterre, Pierre de Ronsard est né, en 1524, sous une belle étoile. Il est élevé dans le culte des arts et des lettres par un père admiratif de l'Italie. II se montre également très doué pour les exercices physiques, l'équitation, ou l'escrime et devient l'un des pages les plus séduisants de la cour de France.

C'est une surdité précoce qui le fait renoncer à la carrière militaire. Il se découvre alors une vocation pour la poésie.

En 1545 , alors qu'il a vingt ans , il rencontre une jeune fille de treize ans, Cassandre Salviati. Aussitôt rencontrée, aussitôt disparue, la jeune Cassandre va devenir l'être "inaccessible". Elle se marie l'année suivante avec le seigneur de Pré. Elle sera à Ronsard, ce que Laure a été à Pétrarque, et va lui permettre de célébrer l'amour platonique

En 1547, Ronsard fait la connaissance de Joachim du Bellay . Il décide de créer avec son ami et quelques autres jeunes poètes un groupe qui prendra quelques années plus tard le nom de la Pléiade. Leur objectif est de soutenir le français contre ses détracteurs, enrichir son vocabulaire et son style et composer des œuvres inspirées des auteurs grecs et latins.

En 1550 , Ronsard publie les Quatre premiers livres des Odes qui le hissent au premier rang des poètes de l'époque. Marguerite de France puis le roi Charles IX se prennent d'enthousiasme pour ce "prince des poètes". Pendant deux décennies, Ronsard va jouir d'une grande renommée. Il publie successivement ses Hymnes, ses Amours, puis ses Discours. En 1572, il se lance dans un projet gigantesque, La Franciade, une Eneïde à la française qui tournera court et se soldera par un échec.

A la jeune et austère Cassandre, se sont succédées Marie et Hélène , une jeune paysanne et une des filles de la Cour de Catherine de Médicis. Aux trois, dans des styles différents correspondant à la fois à la période de sa vie et aux caractères de ses muses, Ronsard a offert des sonnets que des générations de lycéens ont appris à déclamer .

Puis, soucieux de sa postérité, Ronsard consacre la fin de sa vie à la préparation des éditions de ses œuvres complètes. Ce qui ne l'empêchera pas de connaître plus de deux siècles d'oubli. Suite à sa mort, en 1585, il continue d'être vénéré et admiré jusqu'au début du dix-septième siècle. Une grande édition de 1623 le qualifie même de Prince des poètes français. Puis il faudra attendre 1857 pour que ses œuvres soient à nouveau éditées. Entre temps il essuya maintes critiques, dont celle de Jules Michelet : " Il frappait comme un sourd sur la pauvre langue française" n'est pas la plus virulente. Les écrivains de la seconde partie du dix-neuvième, Sainte-Beuve, Flaubert, et Maupassant , le sortent enfin de son purgatoire. Au vingtième siècle, il inspire Debussy, Saint-Saens, Ravel, Poulenc et Milhaud. En 1949, André Gide , dans son anthologie de la Poésie française, lui rend hommage : " Les poètes qui l'entourent ou qui lui succèdent sont, près de lui, froids, incertains, compassés, timorés."

Pourtant aujourd'hui, encore, celui qui fut l'un de ceux qui créa la langue poétique semble bien à l'étroit dans ce sonnet " Mignonne, allons voir si la rose…" dans lequel on l'a, bien malgré lui, enfermé.

Guy Jacqueme



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