Auteurs Français Contemporains
Eliette ABECASSIS«L’existence du Mal est la matière première de la réflexion philosophique.»
«Le nouveau roman, c’est daté[…]. Je crois que le romancier doit raconter une histoire, prendre le lecteur par la main, et l’entraîner dans une intrigue construite qu’il ne puisse plus quitter.»
BIOGRAPHIE :
LA BIOGRAPHIE DE ELIETTE ABÉCASSIS
Eliette Abécassis [ Fille d'Israël ] naît à Strasbourg, dans une famille juive séfarade originaire du Maroc , elle grandit dans un environnement très religieux. Après des études en hypokhâgne et khâgne au lycée Henri IV à Paris, Eliette Abécassis obtient une agrégation de philosophie à l'école Normale Supérieure. Elle publie son premier roman, 'Qumran', en 1996. Ce polar métaphysique connaît un grand succès ; il est aujourd'hui traduit dans dix-huit langues et a même été adapté en bande dessinée. Un an plus tard, elle est professeur de philosophie à l'université de Caen, et publie son second roman, 'Dans L'Or et la cendre'. Son roman suivant, 'La Répudiée', lui vaut le prix des Ecrivains croyants. En 2002, 'Mon père', est sélectionnée pour le prix Goncourt et le prix Femina. 'Clandestin' fait aussi partie des candidats aux prix Goncourt en 2003. Eliette Abecassis est née à Strasbourg. Elle a 30 ans, est normalienne et agrégée de philosophie.elleest une écrivaine française. Ancienne élève de l'École normale supérieure, elle a obtenu l'agrégation de philosophie et enseigne la philosophie à Caen. Son père, Armand Abécassis, est un des professeurs les plus renommés du judaïsme. Elle-même est pratiquante et son éducation et sa vie sont baignées de la religion et de la culture juives.
Pour son premier roman Qumran, elle ne s'est pas contentée de ses connaissances préalables sur le monde hébreu, elle a poussé ses recherches jusqu'en Israël, à Jérusalem, à Qumran et est allée aussi aux États-Unis afin d'obtenir le plus de renseignements possibles. Les recherches auront duré trois années. Elles seront payantes: Qumran sort en 1996 et obtient immédiatement un succès énorme, il est alors traduit en dix-huit langues.
L'année suivante est publié L'or et la cendre, l'histoire mystérieuse du meurtre d'un théologue berlinois. En 1998, Eliette Abécassis écrit un essai sur l'origine philosophique de l'homicide : Petite Métaphysique du Meurtre. Son roman suivant, La Répudiée, est finaliste au Grand Prix du roman de l'Académie française et pour le Prix Fémina. Ce roman s'inspire du scénario qu'elle a écrit pour le film Kadosh du réalisateur israélien Amos Gitaï.
En 2001, Le Trésor du Temple relate la suite de Qumran : les deux principaux protagonistes se retrouvent pour enquêter sur le secret du temple de Jérusalem.
La trilogie de Qumran emprunte avec talent la forme du roman d'aventure et de suspens mais dissimule dans les intrigues une véritable érudition et une réelle ambition métaphysique.
Après ce dernier roman, son œuvre prend un tour plus personnel et psychologique. En 2002 paraît Mon père, roman bouleversant racontant la remise en cause d'une relation père fille idyllique.
Son roman Clandestin fait partie en 2003 de la sélection de 12 livres du Prix Goncourt.
Œuvres
Qumran, 1996
Un livre étrange et envoûtant qui permet d'apprendre beaucoup. Ce roman porte sur la découverte des manuscrits de la mer Morte et leur message. Après cette découverte, les recherches commencent et tous les chercheurs s'y intéressant de près ou de loin décèdent dans des circonstances étranges et violentes.
Éliette Abécassis est une jeune écrivain très incroyablement érudite. J'ai découvert plein de choses sur le monde judaïque. Malheureusement, j'ai parfois décroché du fait de la multiplication des styles, du flou et des rythmes souvent différents.
L'Or et la Cendre, 1997
Petite Métaphysique du meurtre, 1998
La Répudiée, 2000
Le Trésor du Temple, 2001
Mon Père, 2002
Clandestin, 2003
La Dernière Tribu, 2004
Un Heureux Événement, 2005
Eliette Abécassis Sur le quai
Depuis ses débuts, avec la Répudiée (2000), Eliette Abécassis, en bonne normalienne accoutumée à la régularité dans le travail, publie au rythme d’un roman par an. C’est donc fort logiquement son quatrième livre qui a paru en cet automne 2003. Et sans doute aucun le plus tendu, le plus dense et le plus économe de ses effets. Ramassant ce qui tient lieu d’action sur pas même une dizaine de mètres d’un quai de gare, entre seulement deux personnages qui auparavant ne se connaissaient pas et vont achever là leurs trajectoires respectives. Une brève rencontre, quelques minutes d’un dialogue embarrassé, puis un brutal coup de théâtre, qui réduit à néant l’histoire entre eux amorcée. Outre un incontestable sens dramatique, Eliette Abécassis fait montre ici d’un art remarquable de la suggestion et de la retenue, sur un sujet pourtant propice aux facilités de la sensiblerie, du style larmoyant.
Dans un train qui file vers Paris, un homme a remarqué une femme en train de lire un livre, l’air studieux, comme si elle était occupée à en apprendre des passages. Il a observé à la dérobée la beauté calme de son visage, la finesse de sa cheville. Il a éprouvé la force de sa présence et ressenti en lui un trouble, l’éveil peut-être d’un désir. Une ou deux fois, leurs regards se sont croisés, comme par inadvertance. Pour lui, ce fut alors une brûlure. L’ambiance est pourtant celle de ces trains d’affaires, où rien ne semble se passer, où les hypothétiques intrus se trouvent immédiatement jaugés d’un coup d’oil froid, avant que chacun ne revienne, devant son livre, son ordinateur ou ses dossiers, à quelque occupation autrement fondamentale. L’on avait dû remarquer ce voyageur oisif, appliqué à seulement regarder autour de lui. Quand il n’avait pu présenter au contrôleur ni billet ni papiers, cela n’avait pas vraiment surpris : dans cette voiture qui respirait l’aisance et la haute conscience de soi-même, sa présence apparaissait manifestement déplacée. Le récit d’Eliette Abécassis, si ce n’était la tenue de l’écriture et la tension encore à peine perceptible qui s’installe, aurait à son début presque les allures d’un classique roman de gare. Avec pour seules interrogations : que va-t-il bien pouvoir se passer, entre ces deux-là ? Par quel hasard romanesque suffisamment plausible une rencontre s’effectuer ? Or c’est un tout autre livre qu’elle nous propose, une fois rapidement empruntée cette première piste. Deux histoires viennent en effet au jour, qui n’ont que peu à voir avec la littérature de divertissement. En ce wagon deux mondes éloignés au possible vont un instant se croiser, se regarder l’un l’autre. À l’arrivée, sur le quai, ils vont s’essayer à se parler, avant qu’un coup d’arrêt brutal ne soit mis à leur impossible rencontre.
L’homme est en effet un clandestin. Il a dû fuir un lointain pays en proie à l’intolérance. Après de nombreuses tribulations, il arrive à Paris, où un passeur doit le prendre en charge pour le conduire outre-Manche. Il jouait là son ultime carte. Et il a donc échoué : des policiers, alertés par le contrôleur, l’attendent au bout du quai. Il va devoir repartir. La femme, qui de son côté a discrètement pris note de ce voyageur inclassable, et surtout du charme qui en émane, effectue un stage dans un cabinet préfectoral. Étudiante à l’ENA, elle a été chargée du dossier des migrants, " c’est-à-dire de faire évacuer (...) la ville et la région ", dans un département où les étrangers affluent. Un sentiment venu d’une part refoulée d’elle-même, de l’époque par exemple où elle lisait encore de la poésie, l’aimante vers lui, la pousse à lui venir en aide. Mais d’abord il leur faut parler, tenter de se nouer l’un à l’autre par la parole. Il espère d’elle, dans l’immédiat, un sauvetage. Elle ne peut pour sa part se déprendre de cette voix venue d’ailleurs et de ce qu’elle commence de mettre en mouvement en elle. Le dialogue hésite, se cherche, dévoile mais ne dit pas. Ils sont maintenant seuls sur le quai, un policier peu à peu se rapproche... Eliette Abécassis laisse pressentir tout ce qui passe d’inexprimé, quoique parfaitement identifiable, dans ce court face à face. La poussée muette d’un discours amoureux, l’émergence de deux histoires diamétralement opposées, la stupéfaction de deux mondes se rencontrant de cette inattendue manière. Et surtout la possibilité, paraissant soudain offerte, d’infléchir la courbe de deux destins. Avant le retour brutal du principe de réalité, qui arrête net le minuscule parcours commun du clandestin et de l’énarque.
Le roman de gare du début a pris de l’épaisseur. Au trouble des personnes est venue répondre la confusion du monde. Le poids du vécu est devenu progressivement plus sensible. Le rapport s’est aussi modifié, entre la petite provinciale devenue énarque et l’homme cultivé forcé à la clandestinité. L’écrivain ne grossit pas le trait, ne simplifie rien, ne s’accorde aucune facilité. C’est aussi ce qui fait la prenante puissance de suggestion de son roman.
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