Revue de Téhéran
De:Mitra Elyati
Traduit de persan par: Saeed KAMALI DEHGHAN
Nous restons dans l’obscurité
Lorsqu’elle ouvre la porte, la lumière se répand sur la couverture de notre fils.
Elle entre. Elle porte toujours la même robe pourpre et, dès que son regard tombe sur la table de chevet, elle en ferme les boutons. Elle se contente de me fixer, les yeux écarquillés.
Son nouveau mari l’appelle de l’extérieur: «mais, ou est-tu donc ?»
Elle s’assied à côté du lit, près de la table de chevet. Elle me regarde.
Le photographe avait dit : «souriez».
J’avais ri, en silence.
Elle me tourne vers le mur pour éviter peut-être de la voir. Mon regard tombe sur le tableau peint par notre fils accroché au mur. Il a peint la couleur de l’eau en gris. J’avais dit : « ça doit être bleu ».
Elle dit : « veux-tu que je te raconte une belle histoire pour t’aider à t’endormir ? »
Son nouveau mari l’appelle de l’extérieur: « tu ne viens pas te coucher ? »
Elle prend le livre. Je tombe par terre.
« Tu l’as cassé ! » ça, c’est notre fils qui le dit.
Elle me prend. Elle me regarde. Je ris toujours.
Elle dit : « chut ! Ne pleure pas. Papa va se fâcher».
« Lui, c’est pas mon papa ! »
Elle se tourne, me regarde. Je suis tombé sur l’oreiller. Je ris toujours.
Elle se lève. Comme si elle s’apprêtait à partir. Je veux lui dire : « ne t’en va pas ! »
Je ne le dis pas. Je ris toujours.
Elle regarde notre fils. Elle se penche pour lui arranger la couverture. Ses cheveux sont épars sur ses épaules. Puis, elle éteint la lumière et s’en va.
Nous restons dans l’obscurité.
Printemps 1999
Extrait de « Mademoiselle Cathy et quelques autres histoires » de Mitra Elyati.
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