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La poésie francophone [ 3 ]

Patricia Laranco

Née en 1955 à Bamako (Mali) d'un père français d’ascendance espagnole et d'une mère originaire de l'Ile Maurice, Patricia Laranco a passé sa prime enfance en Afrique Noire, puis sa seconde enfance sur le territoire français, dans les Charentes. Par la suite, son adolescence s’est déroulée dans le sud-ouest de la France (région de Pau), où elle a poursuivi des études supérieures d’histoire et de géographie, avant de venir s'établir à Paris où elle réside depuis 1979., et où elle a exercé successivement:
les professions d'animatrice et d'employée de bibliothèque. Elle a publié à ce jour six recueils de poèmes et collaboré (en tant que poète, mais aussi en tant que critique littéraire et auteur d’articles) à de nombreuses revues littéraires (parmi lesquelles les revues françaises "Phréatique", "Jointure", « Le Cerf-Volant »
"Poésie-sur-Seine", "Les Cahiers du Sens", la revue belge "Inédit Nouveau", la revue québécoise « Carquois »)ainsi qu'à quelques anthologies.
Outre l’écriture poétique, Patricia Laranco s’adonne également à la photographie, au collage photographique et à la peinture, ainsi qu’à l’animation, à Paris, d’un café-philo, dans le cadre des activités de l’association culturelle « Rencontres Européennes », dont elle est aussi l’un des administrateurs. Elle est mère de deux enfants.

BIBLIOGRAPHIE


Recueils : « Les mondes filigranés », Edition La Pensée Universelle, 1976.

« Failles dans le divers », auto-édition, 1994.

« Sous les yeux des miroirs obscurs », Edition La Cyclade, 1996.

« Maison de pages, aut-édition, 1996.

« Circonvolutions », auto-édition, 2002.

« La chaleur mammifère », Edition D’ici et d’Ailleurs, 2006.

Patricia Laranco, poète, poèmes illustrés, recueil de poésie

La neige

La neige est un monstre tapi,
une cavité
bien creusée,
une boule de
sale gris,

un tunnel caverneux,
sans fond.

La neige fronce le sourcil
orbite noire et enfoncée,
gueule à l'affût
montrant les dents,
crachant ses papillons
griffus.

La neige
s'est enkystée là
elle n'en finit pas de darder
sa basse luminosité
qui fait stagner le temps
et l'air.

Le jour est immobilisé
comme nous, d'elle
il est captif.

Acculé dos aux rugueux murs
il attend
et perd sa substance.

23/03/2005

LA NUIT D'ETE

La nuit d'été
souffle ténu,
silence sidéral, absent
qui, soudainement, s'abat sur
mon corps penché, à la fenêtre.

Je ne m'attendais pas à ça,
me voici toute intimidée,
l'austérité du ciel obscur
a quelque chose de glaçant.

J'étais venue là simplement
et bêtement, pour prendre l'air
et me voici incontinent
confrontée à ce puits glacé,
ce puits à l'envers et sans fond
d'espace d'encre, qui se tait
et où quelques rares lueurs
disséminées aux quatre coins,
pathétiquement esseulées
têtes d'épingles aigues
me fixent.

27/05/2005

LE PRINTEMPS TIEDE

Le printemps tiède.
Ruisselant de cris d'oiseaux.
Submergé par l'entrelacs
de pépiements fluides.
Encapuchonné par
ce couvercle de sons.
Par ce déversement obsédant,
ininterrompu.

Le printemps tiède. Enveloppant.
Ses nuages flous.
Ses nuages doux.
Bourre compacte, couleur gris-perle,
qui pèse.
Ses nuages mous. Stagnants.
Sans contours bien tranchés. Qui couvent un air lui aussi d'une étrange mollesse...
comme possédé par un étrange avachissement.
Le printemps. Tonitruant. Voilé.
Plombé de mystère.
Surexcitation de sons qui s'enflent, appellent, dévalent.
Fébrilité des pollens. Presque grésillante.
Confusion, chaos que je cherche, en vain, à déchiffer.
Mais le printemps, immense masse, roule
tel un tonnerre.

22/03/05

LE SOUFFLE


Le souffle bleu,
le souffle pur,
le souffle aiguisé du matin,
le souffle tranquille, affûté,
le souffle dru, le souffle nu,

le souffle griffu, aiguisé,
le souffle blanc, de la couleur
des goélands dans le vent clair, le ciel lavé
d'un port breton.

Le souffle dur et bleu-et net
de faïence, d'azulejo
qui force les fenêtres de
son courant de photons légers.

L'haleine, qui touche ma peau,
la fait chanceler
un instant

le souffle rempli de soleil,
de corrosive
immensité
qui se dilate
à pleins poumons...

cérémonie
qui vous étreint.

22/04/2005

Les villes

Les villes sont des monstres sourds,
aveugles
qui brassent la vie,
qui dégorgent sans se lasser
la brutalité d'un trop-plein
de vie, de grouillement de chairs
et de passions télescopées.

Les villes sont de bouillons
de culture où les vibrions
que nous sommes s'agitent en vain
comme de folles bactéries

Et ça y va ! Et ça y va
à grands coup de flagelles ardents,
à coups redoublés, coups de fouets
qui propulsent nos fulgurances !

Les villes, ce sont des cancers
humains qui ne connaissent que
le mouvement exacerbé,
le chaos
frappé d'amnésie.


Les villes, c'est à en vomir,
ne s'interrogent plus depuis
longtemps, immensément longtemps
sur ce qui les maintient en vie

leur équilibre se poursuit,
si démentiel qu'il soit, il leur
tient lieu de sens, et de raison
d'exister
et d'écraser tout !

17/05/2005

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