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Azadunifr: Jacques le fataliste et son maître

Jacques le fataliste et son maître




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Jacques le fataliste et son maître est un roman de Denis Diderot, dont l’écriture s’étend de 1771 jusqu’à la mort de l’auteur. Ce roman a fait l’objet de nombreuses éditions posthumes, dont la première en 1796. Avant d’être pour la première fois édité en France en 1796 (édition posthume) Jacques le fataliste sera connu en Allemagne grâce, notamment, aux traductions de Schiller (traduction partielle en 1785) et Mylius (1792).

Ce roman complexe, déconcertant et déroutant par ses digressions – sans doute l’œuvre de Diderot la plus commentée – puise pour partie son inspiration dans la Vie et opinions de Tristram Shandy de Laurence Sterne, parue quelques années auparavant (1759-1763).

Le récit

Multipliant les rebondissements invraisemblables, tout comme les interruptions oiseuses d’un narrateur exaspérant et omniprésent, le roman raille ouvertement les poncifs du genre, quitte à irriter son lecteur dont les attentes semblent sans cesse déçues. L’incipit du roman, demeuré célèbre, donne le ton :

Comment s’étaient-ils rencontrés ? Par hasard, comme tout le monde. Comment s’appelaient-ils ? Que vous importe ? D’où venaient-ils ? Du lieu le plus prochain. Où allaient-ils ? Est-ce que l’on sait où l’on va ? Que disaient-ils ? Le maître ne disait rien ; et Jacques disait que son capitaine disait que tout ce qui nous arrive de bien et de mal ici-bas était écrit là-haut.
Jacques, plus complexe qu’un valet de comédie, bavard mais quelque peu philosophe (« une espèce de philosophe »), voyage en compagnie de son maître. C’est par ailleurs son fatalisme qui va donner son surnom à Jacques. Pour combler l’ennui, il promet à son maître de lui raconter la suite de ses aventures amoureuses.

Mais le récit est sans cesse interrompu soit par son maître, soit par des interventions ou incidents extérieurs, soit par des « histoires » autonomes venant se substituer au récit initial.

Structure du roman

Curieux récit que celui-ci, qui ne doit rien au roman traditionnel et tout à la fantaisie de son auteur. Deux personnages, le valet Jacques et son maître, font un voyage dont on ne connaît ni la destination ni le point de départ. Récit discontinu et surtout, déroutant, au cours duquel les deux hommes échangent des propos philosophiques sur la fatalité, rencontrent d’autres voyageurs, et commentent les bribes des histoires d’amour de Jacques... L’écriture de Jacques le Fataliste a occupé Diderot pendant près de vingt ans, entre 1765 et 1783.

Bien que Diderot ne cesse de nier qu'il écrit un roman, il met tout son génie à mêler, entremêler, plusieurs éléments structurant le récit.

En premier, le thème du voyage est le but affiché du roman, puisque c’est par là que commence l’histoire : ils voyagent pour « affaires » et pour l’enfant du Maître. La seule indication temporelle dans toute l’œuvre est au début, elle situe l’action en 1765, vingt ans après la bataille de Fontenoy, mais cette indication n’a rien de définitif puisqu’elle est suivie de nombreuses incohérences. Si l’on s’en tient à ce thème du voyage, on s’aperçoit bien vite qu’il est vide de toute action, Diderot semble renverser les priorités, tant pour la date que pour le « thème principal » que pour le but final du voyage qui est en fait l’enfant, et rien d’autre.

L’action véritable n’est pas dans le voyage ; elle réside en fait dans d’autres récits, et en particulier celui des amours de Jacques. En effet, ils occupent une place centrale dans l’œuvre, et le Maître demande sans arrêt à Jacques de lui narrer ses aventures amoureuses. Jacques va alors raconter son éducation sexuelle, ce qui deviendra visiblement l’intrigue principale du roman. Dans ses récits, Jacques bouleverse la chronologie sans jamais suivre un fil logique et dilate le temps en donnant beaucoup plus d’importance à sa première expérience sexuelle qu’à son enfance. Si la véritable chute du roman semble être l'arrivée du Maître chez la mère nourricière du fils dont il a endossé la paternité, toutefois les amours de Jacques s'achèvent différemment selon les trois versions de la fin. Diderot, même s'il se refuse à écrire un roman structuré et chronologique, a tout de même fait aboutir Jacques à une sorte de conclusion de son récit, puisqu'il se marie avec Denise, la fille dont il était épris.

En fait, la cohérence du roman n’est pas dans un thème unique ou un seul récit, mais dans une prolifération de récits annexes, qu’ils soient racontés par Jacques (histoires de son capitaine, de Pelletier, du Père Ange...), par d’autres personnages (comme La Pommeraye par l’aubergiste) ou par le narrateur lui-même (le poète de Pondichéry...).

Car enfin, l’intérêt du roman n’est pas seulement dans le récit, mais aussi dans les parenthèses qu’y insère Diderot, pour cautionner ou non une position morale, comme le jugement de La Pommeraye par le Maître, pour donner son opinion, comme sur le théâtre de Molière, ou pour parler au lecteur directement. Diderot semble en fait très attaché à briser l’illusion romanesque.
Diderot se sert de l'histoire interne comme des récits annexes pour mettre en avant ses thèses concernant notamment le relativisme moral, la critique de l'Église, le matérialisme ou la sexualité. Ainsi, il ne se refuse pas à un violent et explicite anti-cléricalisme, rejoignant par là ses confrères des Lumières : dans le roman, tous les hommes d'Église sont de même nature : cupides, libidineux, fourbes, ils n'hésitent pas à courtiser les plus belles femmes des environs bien qu'ils sachent qu'ils agissent en contradiction avec leur ordre. Il en va ainsi de l'abbé Hudson, cet individu peu recommandable qui se fait passer pour un honnête ecclésiastique alors qu'il est en réalité un infâme pervers ; de même, le vicaire épris de Suzanne assiste avec peine aux ébats amoureux de Jacques et de sa bien-aimée, sans qu'il puisse intervenir, étant ridiculement enfourché ; etc. Cette critique s'inscrit ainsi dans la lignée de La Religieuse, récit tout aussi anti-clérical du même auteur.

Outre sa critique sociale, Diderot, qui sait bien qu'il n'écrit pas un traité philosophique, en profite pour inclure au récit sa vision du monde. Celui-ci est, selon lui, régit par le fatalisme, affirmant que les événements sont déterminés par le principe de causalité ; les actions nient donc le principe de libre-arbitre. Les hommes n'agissent pas de leur propre volonté mais, inconsciemment, sont déterminés par d'innombrables mobiles plus ou moins dérobés, qui sont d'une part l'éducation et d'autre part le caractère propre à chaque individu. Ce fatalisme, rigoureusement moderne en comparaison de celui prôné par les Stoïciens, est néanmoins différent de celui qu'affirme Jacques dans le roman : tout n'est pas écrit "là-haut", de façon irrémédiable, ce qui reviendrait à dévaloriser l'importance de l'action. Bien plutôt, ce type de fatalisme prétend qu'une action peut modifier la fin qui nous attend. C'est donc un déterminisme. Mais si Diderot continue d'utiliser le mot "fatalisme", c'est parce que le terme "déterminisme" ne rentrera dans la langue que quelques années après la mort de l'auteur.

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