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écrivains français contemporains [ 1 ]

Eliette ABECASSIS

BIOGRAPHIE :

«L’existence du Mal est la matière première de la réflexion philosophique.»

«Le nouveau roman, c’est daté[…]. Je crois que le romancier doit raconter une histoire, prendre le lecteur par la main, et l’entraîner dans une intrigue construite qu’il ne puisse plus quitter.»

27 janvier 1969

Eliette Abécassis naît à Strasbourg, dans une famille juive séfarade originaire du Maroc. Son père, Armand Abécassis, professeur de philosophie à la faculté de Bordeaux, est l’un des plus grands penseurs contemporains du judaïsme. Il est l’auteur d’un ouvrage de référence, Pensée juive (éd. Livre de Poche). Profondément pratiquante, Eliette Abécassis évoluera ainsi dans un environnement imprégné de religion et de culture juives.

1993

Après avoir suivi les classes préparatoires littéraires - hypokhâgne et khâgne - au lycée Henri IV à Paris et avoir intégré l’école Normale Supérieure de la rue d’Ulm, elle obtient l’agrégation de philosophie.

1996

Elle publie son premier roman, Qumran, aux éditions Ramsay, la seule maison d’édition à l’avoir accepté. Dans ce polar métaphysique, un jeune juif orthodoxe enquête sur des meurtres mystérieux liés à la disparition de manuscrits de la mer Morte. Le roman remporte un succès immédiat. Plus de 100 000 exemplaires sont vendus, et le livre est traduit dans dix-huit langues.

1997

Dans L’Or et la cendre, son deuxième roman, Eliette Abécassis met en scène le Démon et la contagion du Mal. La même année, elle commence à enseigner la philosophie à la faculté de Caen.

1998

Publication d’un essai sur le Mal, Petite Métaphysique du meurtre. Pour écrire le scénario du film israélien d’Amos Gitaï, Kadosh, elle s’installe pendant six mois à Mea Shearim, le quartier ultra-orthodoxe de Jérusalem. Centré sur la condition de la femme chez les juifs orthodoxes israéliens, le film est sélectionné à Cannes en compétition officielle et manque de peu le prix du scénario.

2000

La Répudiée, roman inspiré de son scénario pour le film Kadosh, trace le portrait de deux sœurs juives aux destins contraires.

Mars 2001

Elle reçoit le prix des Ecrivains croyants.


le prix des Ecrivains croyants : Ce prix a été fondé en 1979 pour attirer l'attention sur un ouvrage d'inspiration juive, chrétienne ou musulmane. Ce prix est décerné par un jury d'écrivains chrétiens (de toutes confessions), juifs et musulmans




Mai 2001

Eliette Abécassis publie Le Trésor du Temple, la suite de Qumran. Les deux héros, Ary Cohen et Jane Rogers, y mènent une enquête haletante autour du secret du Temple de Jérusalem.

Juin 2001

Elle se marie à Jérusalem.

Juillet 2001

Avant-première du court-métrage, La Nuit de noces, qu’elle a réalisé d’après un scénario co-écrit avec Gérard Brach. Elle travaille actuellement au troisième volet de sa série «métaphysique».

2002

Mon père, édité chez Albin Michel est sur la liste du prix Goncourt et du prix Femina. Son best-seller, Qumran est décliné en bande dessinée par Gémine et Makyo. Prévue en 4 volumes, cette adaptation est validée par Eliette Abécassis (interveiw fnac)

Biographie magazine Lire

Extrait d'interview :

Qu’est-ce qui vous révolte le plus dans la vie ?

La pauvreté et la misère dans le monde. Le fait que l’on ait du mal à recevoir en France des gens dits sans papiers me révolte aussi.

Ce qui vous émeut le plus dans la vie ?

La relation humaine.

Que pensez-vous de la situation au Proche- Orient ?

C’est terrible, très triste et inquiétant car on ne voit pas d’issue proche. J’en suis très inquiète.

Comment se passe une journée de travail d’Eliette Abécassis ?

Je me lève en général vers 9h et je travail jusqu’en fin d’après-midi.

Avez-vous des moments particuliers pour écrire ?

J’écris maintenant dans la journée. Il y a encore quelques temps j’écrivais beaucoup dans la nuit. J’ai changé mon rythme et j’écris toute la journée. Quand je suis en période d’écriture, je ne fais que ça, je ne peux en sortir car cela peut me faire perdre le fil de l’histoire. Je suis happée par ce que j’écris jusqu’au moment où j’ai l’impression que les personnages du livre deviennent réels.

Pendant votre période d’écriture, votre quotidien, votre entourage ou l’environnement

médiatique ont-ils une incidence sur l’histoire que vous racontez ?

Oui, tout à fait. Dans Le trésor du temple j’évoque la question du fanatisme musulman à travers une secte. Cela était évidemment lié à une fraîche actualité. Je m’inspire constamment de ce qui anime mon quotidien en terme de faits, d’informations et d’actualités.

Quel est le dernier livre qui vous ait marqué ?

Les Misérables de Victor Hugo que j’ai relu récemment.

Résumé :

L'avis de la Fnac
Un train qui roule dans la nuit. Une femme qui lit distraitement. Un homme qui ne peut s’empêcher de lui lancer des regards furtifs. Il est attiré par elle. Elle s’en rend rapidement compte. Elle aussi est peut-être attirée par lui. Ils pourraient, par exemple, s’aimer clandestinement…

Le nouveau roman d’Eliette Abécassis, 35 ans et déjà quelques beaux succès derrière elle, comme Qumran en 1998, commence comme un roman de gare, manipule tous les clichés du roman de gare, mais n’est pas un roman de gare. Ce serait plutôt un faux roman de gare qui s’intéresse, par le biais de la séduction nocturne entre un homme et une femme, à la question de l’Autre. Un clandestin par exemple… Et en effet, l’homme en train de tomber amoureux d’une femme dans le compartiment d’un train de nuit est cela, un clandestin, un apatride, un SDF international comme ceux qu’« abritait » encore récemment le camp de Sangatte. Bref, un Autre en tant qu’il est à la fois proche et lointain ; en tant, surtout, qu’il n’est rien socialement - un fuyard sans même un billet pour voyager. Et elle, qu’est-elle ? Tout. Une élite de la République française, une énarque les yeux braqués sur son avenir se prenant soudain le hasard de la vie en pleine face.

Reprenons à présent les données de Clandestin. Cela donne : une jeune énarque est séduite par un homme mystérieux. Contrôlés par les agents de la SNCF, ils se révèlent être sans billet, sans papiers, sans rien. Dès lors, nous prenons l’itinéraire bis du roman de gare et lisons un texte à la dimension métaphysique, sociale et politique évidente. Qu’est-ce qu’un Autre ? Comment va réagir la jeune bourgeoise confrontée au surgissement, au cœur de sa vie, d’un homme en danger ? Quelle relation peut se nouer entre une représentante de l’ordre républicain et un errant ? Clandestin, à travers une trame narrative a priori banale, nous invite à nous poser ces questions essentielles, vieilles comme le monde et mystérieuses comme l’écriture qui les fixe ici.

Extrait :

Cette montre en métal blanc et à cadran bleu, ce petit objet, quelle puissance, quel pouvoir fabuleux ! Lui qui n’avait plus ni horloge, ni horaires, ni rendez-vous, qui se levait avec le jour et se couchait avec la nuit, qui avait perdu la notion des secondes, des minutes et des heures, a regardé tout à coup l’objet avec une sorte d’effroi. C’était l’ennemi le plus redoutable, cette montre maléfique, satanique, magique qui décidait de son sort, de sa vie. Il était seul. Il ne pouvait rien faire, lui qui avait bravé la nuit et les policiers, qui s’était affronté aux hommes, au froid, à la faim, la maladie, la fièvre et la douleur, il était devant cet ennemi impuissant, tout à fait désemparé. Il aurait beau parler, elle gagnerait. Il aurait beau agir, elle serait toujours là, à avancer dans sa marche inéluctable, sa ronde assurance autour du même cadran. Il pourrait hurler, elle ne l’entendrait pas. Elle était impassible. Elle était invincible.

Il ne comprenait pas, cela lui faisait peur de savoir qu’il y avait en face quelque chose d’aussi impitoyable.

Mais il avait décidé de faire face, même si sa vie était prise par une montre, peut-être son cœur ne l’était-il pas ?

Ses yeux pétillaient sous mèches rebelles. Il fallait profiter de chaque instant. Remplir l’espace libéré par la montre. Tout allait très vite. Se dépêcher de la connaître La faire parler, alors, tout dire, afin de tout vivre pour dilater le temps, plutôt que paniquer en le voyant fuir. Vivre : parler et agir. Sans cesser de désespérer, exister. Se concentrer uniquement sur le moment présent. Pas de passé, pas de futur. Se détendre. Il avait tout son temps. Il avait jusqu’à minuit.

Critique/Presse

Le Point :

L'auteur semble avoir voulu confronter la clameur du monde et le murmure de l'intime. C'est la rencontre, sur le quai d'une gare, entre une jeune femme rangée, fonctionnaire de l'Etat, et un homme apatride qu'on imagine revenant de Schengen. Dans cette rencontre entre deux univers, tissée sous les mauvais auspices d'un monde sécuritaire, vont coexister la peur, la compassion, l'envoûtement, l'abandon de soi. ... Abécassis a écrit une nouvelle de Zweig avec la plume de Sagan. (Laurent Seksik, 05/09/2003)

Le web de l'humanité :

Eliette Abécassis a sans doute voulu donner un caractère universel à la confrontation qu’elle met en place entre un homme de rien et une parvenue. On comprend pourtant que la fiction a pour toile de fond la fermeture du camp de Sangatte et la manière dont les pouvoirs publics ont géré l’événement. Tout cela a pour conséquence de faire passer le choix de l’auteur pour un effet de style un peu précieux…Cette impression aurait peut-être été moins prégnante si Eliette Abécassis avait traité son sujet de manière plus convaincante. (...)Le sujet était pourtant intéressant : unité de lieu, de temps, d’action ; confrontation de deux êtres a priori à des années-lumière l’un de l’autre ; montée progressive de la tension dramatique à mesure que les personnages se rapprochent du bout du quai… Bref, les éléments y étaient. Il semble que la romancière, elle, ait eu la flemme d'aller au bout de son idée.

Anne Bleuzen( le 25/08/2003 )


LA CHRONIQUE LITTERAIRE DE JEAN-CLAUDE LEBRUN 23 octobre 2003 :

Depuis ses débuts, avec la Répudiée (2000), Eliette Abécassis, en bonne normalienne accoutumée à la régularité dans le travail, publie au rythme d'un roman par an. C'est donc fort logiquement son quatrième livre qui a paru en cet automne 2003. Et sans doute aucun le plus tendu, le plus dense et le plus économe de ses effets. Ramassant ce qui tient lieu d'action sur pas même une dizaine de mètres d'un quai de gare, entre seulement deux personnages qui auparavant ne se connaissaient pas et vont achever là leurs trajectoires respectives. Une brève rencontre, quelques minutes d'un dialogue embarrassé, puis un brutal coup de théâtre, qui réduit à néant l'histoire entre eux amorcée. Outre un incontestable sens dramatique, Eliette Abécassis fait montre ici d'un art remarquable de la suggestion et de la retenue, sur un sujet pourtant propice aux facilités de la sensiblerie, du style larmoyant.

http://www.parutions.com/


Eliette Abécassis a volontiers confié que le personnage principal de son roman pourrait bien être le temps. Elle le décrit à merveille, c’est vrai. Entre un souffle, une hâte, une pause. Il file dans le train, s’arrête dans la gare, s’étiole dans l’exil, se précipite dans la carrière d’Etat. Il y a aussi quelques figures de travellings sur le quai qui donnent à ces séquences un mouvement généreux.
Quel dommage que la fadeur des personnages et le côté caricatural de leur traits gâte un propos qui aurait pu porter du sens. Celui des bannis de Sangatte, de cette inexorable lutte des peuples, cette inégalité des chances. Mais les personnages sont trop globaux. Un "il" ombrageux comme un Slave, la trop parfaite image de l’exilé, lisse. Une femme froide, belle et carriériste, évidemment en proie au machisme des hautes sphères, somnambule dans sa vie, volontaire en préfecture, vélleitaire de cœur. Ils incarnent sans doute le désir un peu ambitieux mais échoué d’Abécassis de toucher l’universel, en ne traitant que des silhouettes...

http://www.avoir-alire.com/

Les internautes en parlent :

Une émotion

Brigitte, Laon, le 8 janvier 2004 : J'ai aimé ent tout premier lieu la forme singulière, l'absence d'identité , l'anonymat des lieux, une ville, un fleuve, on les connait tous, les personnages sont tellement émouvant. J'ai aimé le fonds, que l'on parle de ces personnes déplacées, en attente d'une vie ... Vraiment ce livre est excellent.

Tout simplement génial

Un internaute, st dizier france, le 14 novembre 2003 : Cette histoire est universelle car elle parle de sentiments pouvant être ressentie par tout être humain! Je reste encore imprégnée de cette histoire magnifique!

Malaise

Un internaute, cublac, le 22 août 2003 : Après avoir refermé ce roman, l'histoire continue à vous suivre encore et encore. Ces regards échangés, ces sentiments bouleversants sonts décrits avec pudeur et réalisme. Cette histoire porte à réfléchir sur la façon dont notre société traite les "migrants".


Petite remarque perso : Un livre agréable, je l'ai lu d'un seul trait. Les critiques qui lui sont adressées par certains journaux disent que les personnages manquent "consistance", mais c'est précisément ce que l'on finit par aimer dans le roman, tout semble un peu en décalage, en dehors du monde, de la vie. Quelque chose se passe dans le train, puis sur le quai et nous en sommes spectateurs intimes... Les vies des deux personnes qui se rencontrent n'existent plus que de manière presque lointaine. Les personnages à peine esquissés en deviennent attachants. Mais eux sont pris dans les mailles d'une sorte de piège : le temps... Lui est en attente, en transit... et elle s'ennuie dans la vie qu'elle s'est "fabriquée"... Il a fui son pays pour gagner sa liberté, elle a fui sa condition modeste au prix de ses propres convictions. Elle a cru grandir en gravissant les échelons, et peut-être a-t-elle simplement tout perdu... Ils se trouvent là et tout se révèle sur le quai. La sensation d'épuré devient pudeur ... J'ai vraiment été séduite par le style d'Eliette Abécassis.


BIBLIOGRAPHIE :

L'Or et la cendre (Ramsay, 1997)

Qumran (Albin Michel, 1998)

Petite Métaphysique du meurtre, éd. P.U.F, 1998
La Répudiée, éd. Albin Michel, 2000
Le Trésor du Temple, éd. Albin Michel, 2001
Mon père, éd. Albin Michel, 2002

Clandestin - Albin Michel - 2003

Un heureux événement - Albin Michel - 2005

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