livrell

jeudi

Frédéric mistral

Moi qui d'une amoureuse jeune fille
ai dit maintenant l'infortune ,
je chanterai , si Dieu le veut , un enfant de Cassis ,
un simple pêcheur d'anchois
qui , par la grâce et par la volonté ,
du pur amour conquit les joies ,
l'empire , la splendeur . Ame de mon pays ,
Toi qui rayonnes , manifeste ,
dans son histoire et dans sa langue ;
quand les barons picards , allemands , bourguignons ,
pressaient Toulouse et Beaucaire ,
toi qui enflammas de partout
contre les noirs chevaucheurs
les hommes de Marseille et les fils d'Avignon ;



Par la grandeur des souvenirs ,
toi qui nous sauves l'espérance ;
toi qui , dans la jeunesse , et qui plus chaud et plus beau ,
malgré la mort et le fossoyeur ,
fais reverdir le sang des pères ;
toi qui , inspirant les doux troubadours ,
telle que le mistral , fais ensuite gronder la voix de Mirabeau ;



Car les houles des siècles ,
et leurs tempêtes et leurs horreurs,
en vain mêlent les peuples , effacent les frontières :
la terre maternelle , la Nature ,
nourrit toujours ses fils
du même lait , sa dure mamelle
toujours à l'olivier donnera l'huile fine ;



Ame éternellement renaissante ,
âme joyeuse et fière et vive ,
qui hennis dans le bruit du Rhone et de son vent ,
âme des bois pleins d'harmonie
et des calanques pleines de soleil ,
de la patrie âme pieuse ,
je t'appelle ! incarne-toi dans mes vers provençaux !


  • Frédéric mistral
  • 0 commentaires:

    Enregistrer un commentaire

    Abonnement Publier les commentaires [Atom]

    << Accueil