livrell

dimanche

Claude Simon

Claude Simon



Powered by Blogger

[ 1913 ]

Claude Simon est un écrivain français né le 10 octobre 1913 à Tananarive (Madagascar) et décédé le 6 juillet 2005 à Paris. Il a obtenu le Prix Nobel de littérature en 1985.
Il s'est également intéressé à la peinture et à la photographie.

Biographie

Après quelques études de peinture pendant lesquelles il a compris qu'il ne serait jamais peintre, il a commencé à écrire. La guerre l'a interrompu. Il est parti, à cheval, vers ces champs de bataille du Nord et de l'Est de la France qui ont si souvent servi à faire couler le sang. Il a été témoin de la débandade des armées françaises et a échappé de peu à l'extermination de son escadron. Prisonnier des Allemands dans un camp, il a réussi à s'enfuir pour regagner la région de Perpignan où habitait sa famille.
De son aveu, ses premiers livres n'étaient pas très bons, bien que les spécialistes y cherchent maintenant les prémices de ses oeuvres majeures.
Au milieu des années 50, en pleine période sartrienne, un de ses manuscrits arrive dans les mains d'Alain Robbe-Grillet, alors auteur de deux romans qui divisaient la critique et conseiller littéraire aux Editions de Minuit. C'est dans cette maison d'édition que Claude Simon a publié presque toutes ses oeuvres jusqu'à aujourd'hui.
Avec Robbe-Grillet, mais aussi avec Nathalie Sarraute, Robert Pinget, Samuel Beckett, Jean Ricardou et Claude Ollier, ils formèrent un moment une sorte de groupe littéraire qui fut appelé Nouveau Roman. Michel Butor et Marguerite Duras, brièvement, en furent aussi, ainsi que quelques autres, moins connus. Mais ce groupe n'avait rien d'une Ecole et les auteurs qui ne se réunirent qu'un petit nombre de fois produisaient des textes fort différents. Ils étaient pourtant d'accord sur ce qu'ils ne voulaient pas faire !
C'est cela, sans doute, qui émut tant les critiques, les écrivains conventionnels et nombre de professeurs rodés. Une lutte difficile commença par revues interposées, une nouvelle querelle des Anciens et des Modernes, avec des ralliements politiques et idéologiques. Robbe-Grillet et Ricardou faisaient scandale à chaque article et à chaque oeuvre.
Mais les oeuvres avaient de petits tirages et beaucoup de journalistes littéraires avouent aujourd'hui qu'ils les critiquaient durement sans les avoir lues. C'était une lutte de clans, sur fond de littérature.
Les auteurs dits du Nouveau Roman obtinrent tout de même quelques prix littéraires. Butor le premier, avec La Modification (prix Renaudot, 1957). Claude Simon eut le prix de L'Express en 1960, pour La Route des Flandres, puis le prix Médicis en 1967, pour Histoire.
Durant les années 70, le phénomène Nouveau Roman cessa de faire scandale, en même temps qu'il cessa tout court, dit-on parfois. Il est vrai que les écrivains ne se réunissaient plus et que certains avaient abandonné leurs recherches anti-conventionnelles. Mais Simon, Robbe-Grillet, Sarraute, et quelques autres continuèrent à publier des oeuvres très originales.
Pendant ce temps, les études universitaires sur le Nouveau Roman se multipliaient, surtout hors de France.
Après la parution des Géorgiques (1981), Claude Simon fut honoré du prix Nobel pour l'ensemble de son oeuvre (en 1985). Il était si méconnu en France que certains journalistes durent demander des informations aux Etats-Unis pour écrire leur papier !

Citation tirée de son discours de remerciement au Prix Nobel (9 décembre 1985)

« Je suis maintenant un vieil homme, et, comme beaucoup d'habitants de notre vieille Europe, la première partie de ma vie a été assez mouvementée : j'ai été témoin d'une révolution, j'ai fait la guerre dans des conditions particulièrement meurtrières (j'appartenais à l'un de ces régiments que les états-majors sacrifient froidement à l'avance et dont, en huit jours, il n'est pratiquement rien resté), j'ai été fait prisonnier, j'ai connu la faim, le travail physique jusqu'à l'épuisement, je me suis évadé, j'ai été gravement malade, plusieurs fois au bord de la mort, violente ou naturelle, j'ai côtoyé les gens les plus divers, aussi bien des prêtres que des incendiaires d'églises, de paisibles bourgeois que des anarchistes, des philosophes que des illettrés, j'ai partagé mon pain avec des truands, enfin j'ai voyagé un peu partout dans le monde ... et cependant, je n'ai jamais encore, à soixante-douze ans, découvert aucun sens à tout cela, si ce n'est comme l'a dit, je crois, Barthes après Shakespeare, que « si le monde signifie quelque chose, c'est qu'il ne signifie rien » — sauf qu'il est. »

Son œuvre

Assimilée au mouvement du Nouveau Roman, son œuvre littéraire est traversée par les thématiques de l'histoire, de la guerre, du temps. Inspirée d'abord par Proust ou William Faulkner, l'écriture de Claude Simon se caractérise par un travail formel d'importance.
La matière romanesque est enrichie par l'apport de la mémoire reconstituée dans la durée vécue sous ses multiples dimensions sensorielles. Ceci est particulière sensible à partir des romans Le Vent et L'Herbe, premiers romans parus aux Éditions de Minuit. Ainsi dans La Route des Flandres, il pousse aussi loin que possible ce travail de d'exploration et de reconstitution de la mémoire, en prenant l'histoire d'une famille et de quelques uns de ses membres bousculés dans la débâcle de 1940 dans un réseau de souvenirs, de visions, d'images qui deviennent conscients en émergeant du chaos de la mémoire et s'inscrivent dans l'ordre du langage.
Le Palace raconte « sa » Guerre d'Espagne et suivront de nombreux romans où Claude Simon approfondit et personnalise son expérience soit d'un épisode historique concret soit d'événements biographiques personnels. Ainsi, Histoire, La Bataille de Pharsale, Les Corps conducteurs, Tryptique ou Leçons de choses qui montrent une grande puissance créatrice et des productions guidées par une écriture exigeante et persévérante associée à un formalisme particulièrement pensé. Parmi ses derniers livres, Les Géorgiques et L’Acacia, publiés dans les années 1980, sont de vrais chef-d’œuvres.
Si ce style peut rappeler celui de Proust, il s'en éloigne par la simplicité du langage, même si cela ne paraît pas. La difficulté réside plutôt ici dans la syntaxe ample, où des phrases s'écoulent souvent sur des pages sans aucune ponctuation, et dans la construction générale des œuvres. Claude Simon emploie le mot juste, et c'est cette accumulation de mots, ces juxtapositions de comparaisons, de phrases, de périphrases à l'intérieur de la phrase qui en font toute la richesse.
L'écriture de Claude Simon, qui s'inscrit dans la mouvance du « nouveau roman », est particulièrement foisonnante et sinueuse, nouant autour de mots des associations multiples qui bouclent dans des réseaux infinis. Toutes les œuvres de Claude Simon paraissent n'être que des extraits d'un immense récit que l'on ne prend jamais au début et qui n'a pas de fin. Une image de notre place dans le roman de la vie ?

Les oeuvres principales de Claude Simon :

• Le Vent : tentative de restitution d'un retable baroque .– Paris : Minuit, 1957
• L'Herbe .– Paris : Minuit, 1958
• La Route des Flandres .– Paris : Minuit, 1960
• Le Palace .– Paris : Minuit, 1962
• Histoire .– Paris : Minuit, 1967
• La Bataille de Pharsale .– Paris : Minuit, 1969
• Orion aveugle /avec 21 illustrations de Joan Miró .– Genève : Skira, 1970
• Les Corps conducteurs .– Paris : Minuit, 1971
• Triptyque .– Paris : Minuit, 1973
• Leçon de choses .– Paris : Minuit, 1975
• Les Géorgiques .– Paris : Minuit, 1981
• L'Invitation .– Paris : Minuit, 1987
• Album d'un amateur (avec 61 photographies noir & blanc et couleurs de l'auteur).– Remagen-Rolandseck : Rommerskirchen, 1988
• L'Acacia .– Paris : Minuit, 1989
• 1997 : Le Jardin des Plantes, Éditions de Minuit
• 2001 : Le Tramway, Éditions de Minuit
• 2006 : Œuvres, Collection Pléiade, Gallimard [avec les œuvres : Le Vent, tentative de restitution d'un retable baroque (1957), La Route des Flandres (1960), Le Palace (1962) La Bataille de Pharsale (1969), La Chevelure de Bérénice (Reprise du texte Femmes, 1972), Triptyque (1973), le Discours de Stockholm (1986, texte prononcé à l'occasion de la remise du Prix Nobel) et Le Jardin des Plantes (1997)]

0 commentaires:

Enregistrer un commentaire

Abonnement Publier les commentaires [Atom]

<< Accueil