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Joachim Du Bellay
v. 1522 – 1560


Joachim du Bellay est un poète français né vers 1522 au château de la Turmelière (Liré), dans le Maine-et-Loire, et mort en 1560, à Paris. Sa rencontre avec Pierre de Ronsard fut à l'origine de la formation de la Pléiade, groupe de poètes auquel Du Bellay donna son manifeste, la Défense et illustration de la langue française. Son œuvre la plus célèbre, Les Regrets, est un recueil de sonnets d'inspiration élégiaque et satirique, écrit à l'occasion de son voyage à Rome de 1553 à 1557.

Biographie de Joachim du Bellay

Joachim du Bellay est né au château de La Turmelière, près de Liré en Anjou, en 1522. Il est originaire d’une famille de cardinaux, de diplomates et de gouverneurs. Orphelin de père (Jean du Bellay, seigneur de Gonnort, 1480-1423) et de mère (Renée Chabot, 1490-1530) avant qu’il n’ait 10 ans, il est confié à la tutelle de René, son frère aîné. Il a également une soeur, Catherine (née vers 1510, qui épousera Christophe du Breil, Capitaine d’une compagnie de 50 hommes, seigneur de la Mauvoisinière en Bouzillé, du Bois en Riaillé et du Theil en Trans, dont la postérité sera Victor Hugo). René, son frère aîné, né vers 1507, le néglige. Si l’on en croit les propres affirmations de Joachim du Bellay, il a une enfance triste, solitaire à la Turmelière dans le manoir paternel. Il devient un adolescent fragile qui apprend à se recueillir dans la solitude des forêts et à rêver sur les bords de la Loire.

Toutefois, appartenant à une branche cadette de sa noble maison, Joachim ne peut envisager de vivre sur ses terres. il lui faut envisager un état qui l’aidera à tenir sa place dans le monde. Il souhaite s’illustrer dans la carrière des armes, sous l’égide de son cousin Guillaume du Bellay ((1491-1543), seigneur de Langey (ou Langeais) et Général de François Ier (il écrivit ses Mémoires), gouverneur du Piémont ; mais la mort de ce parent en 1543, en présence de Rabelais pendant le voyage de retour d’Italie, ruine ce projet. 1543 est aussi l’année où Bellay, Ronsard et Peletier du Mans se sont croisés dans la cathédrale où étaient célébrées, par René du Bellay (1500-1546), évêque du Mans, les obsèques de Guillaume. Il se tourne alors vers l’état ecclésiastique, comptant sur le crédit de son autre cousin Jean du Bellay (1492-1560). Pour se préparer à servir le cardinal, il étudie le droit à la Faculté de Poitiers, vers 1545. A Poitiers, Joachim Du Bellay fait la connaissance de l’érudit Muret, des poètes Salmon Macrin et Jacques Peletiers du Mans, lequel influencera les idées de La Pléiade et qui lui fait découvrir les lettres antiques et l’initie à la pratique de l’Ode. Il rédige ses premières Poésies latines et françaises.

Après des études auprès de Marc-Antoine Muret, Jean Dorat (1508-1588) fut nommé Principal du collège de Coqueret, prêtre d’Amiens, sur la Montagne Sainte-Geneviève à Paris (près du Panthéon actuel), il y fait entrer deux de ses élèves, Ronsard (qui lui-même était l’arrière arrière-petit-fils d’une Jeanne du Bellay ( 1390-1465)) et Jean-Antoine de Baïf. Du Bellay les y rejoignit, s’efforçant avec passion et ténacité de combler les lacunes de sa scolarité antérieure et d’acquérir une formation littéraire approfondie : il compléte sa connaissance du latin, apprit le grec et découvrit les poètes italiens. Au collège de Coqueret, ils auront Jean Dorat, un brillant helléniste comme professeur. Sous sa direction, Du Bellay étudie les auteurs de l’Antiquité (plutôt les auteurs latins, alors que Ronsard et Baïf s’intéressent aux grecs).

Ronsard et du Bellay forment alors un groupe d’amis, qui prendra en 1549 le nom de Brigade avant d’adopter en 1553 celui de la Pléiade. Ce groupe souhaite définir de nouvelles règles poétiques. On y trouve avec des partants et des nouveaux, Guillaume des Autels, Pontus de Tyard, Jacques Pelletier du Mans (1517-1582), Remy Belleau, Jean Dorat, Jean-Antoine de Antoine Baïf (1532-1589) et Jean de la Péruse. La publication en 1548 de l’Art poétique du rhétoriqueur Thomas Sébillet, qui préconise aussi bien l’usage des formes médiévales françaises que des formes antiques, d’exposer et de développer une véritable théorie littéraire et savante. En réponse à Sébillet, avec lequel en réalité le désaccord est mince, et au nom de la Brigade, Du Bellay rédige une sorte d’art poétique intitulé Défense et Illustration de la langue française, dédié à un cousin germain de son père, le cardinal René du Bellay. Dans cet opuscule généralement considéré comme le manifeste de la Brigade, le poète préconise, contre les défenseurs du latin et les poètes marotiques, l’usage de la langue française en poésie. Il appelle en outre de ses vœux l’enrichissement du vocabulaire par la création de termes nouveaux (abréviations de termes existants, création de mots composés, réactivation du sens des racines anciennes, etc.). Les emprunts à d’autres langues, régionales ou étrangères (grecque et latine notamment), sont également conseillés, à condition que les mots choisis soient adaptés en français. Du Bellay recommande aussi d’abandonner les formes poétiques médiévales employées jusqu’à Clément Marot et préconise l’imitation des genres en usage dans l’Antiquité, tels que l’élégie, le sonnet, l’épopée ou l’ode lyrique, mais aussi la comédie et la tragédie. L’art du poète, tel que le définissent Du Bellay et ses confrères, consiste donc à se consacrer à l’imitation des Anciens, tout en respectant certaines règles de versification spécifiquement françaises ; son but ne doit pas être celui de distraire seulement, mais de célébrer des valeurs éternelles et de chanter les louanges des grands hommes, qui se trouvent ainsi voués à l’immortalité grâce à la beauté des vers. La même année Du Bellay publie un recueil d’une cinquantaine de sonnets, L’Olive. Ces sonnets ''à la manière'' de Petrarque, connaissent un grand succès. On ne sait pas si le nom représente une de plusieurs parentes du poète qui portaient ce nom, ou bien s’il s’agit d’une anagramme de Mlle Viole, la nièce d’un évêque parisien.

Recueil de Poésie en novembre 1549, dédié à la princesse Marguerite de France, soeur du roi Henri II, lui permet de devenir poète de cour. Surmené par une production fiévreuse, ce travail harassant et une faible complexion déclenchent en lui dès la fin de l’année 1549 une tuberculose pulmonaire et une surdité qui se manifeste en 1550. (très grave dès 1552).
En 1550, en raison du succès des Cinquante Sonnetz de l’olive, il publie une deuxième édition augmentée de 65 sonnets.

En 1551, il connaît de nombreux soucis : procès, affaires de famille, d’autant plus qu’il devient cette année-là tuteur de son neveu Claude, fils de son propre tuteur et frère décédé, René. Ce tutorat lui vaut d’entrer en procès avec Magdelon de la Roche au sujet d’un terrain, la terre d’Oudon, acquise de façon douteuse par René du Bellay. Il poursuit sa carrière poétique en participant au Tombeau de Marguerite de valois, Royne de Navarre.
En 1552, la traduction en décasyllabes du IVe livre de L’Enéide accompagnée d’autres œuvres, sous le titre Quatrième Livre de l’Enéïde et œuvres de l’invention du translateur relève des lectures, mais la Complainte du désespéré évoque sa déchéance physique (à 30 ans !) avec des accents personnels. En 1553, Jean Du Bellay, qui avait été en disgrâce, est rappelé par le roi Henri II, en guerre contre Charles-Quint, pour négocier avec le pape Jules III. Le cardinal accepte d’emmener son cousin Joachim Du Bellay comme secrétaire. Du Bellay passe par Lyon, où il rencontre Pontus du Tyard (1525-1605, un des compagnons de la Pléiade) et aussi Maurice Scève, un poète qu’il admire. Cet exil de quatre ans commencera dans l’enthousiasme. Mais Rome qu’il avait tant magnifié dans ses rêves, le décevra. Joachim Du Bellay nourrit une double ambition : Rome est la capitale de la chrétienté d’Occident, et le siège de la papauté : capitale spirituelle et temporelle, elle offre de nombreux espoirs de carrière ; ancienne capitale de l’Empire romain, Rome est aussi le lieu que tout humaniste rêve de fréquenter : non seulement pour les vestiges de l’Antiquité, mais aussi parce que la Renaissance érudite et artistique a pris racine en Italie... Joachim Du Bellay est doublement déçu : il est chargé par le cardinal son cousin du ''ménage''. C’est-à-dire qu’il était intendant et devait s’occuper de régler les divers créanciers, voire de les faire patienter (le cardinal entretenait plus de cent personnes en un magnifique palais). Ces occupation ingrates l’ennuient et ne correspondent pas à son goût de la poésie. Sa fonction lui fait en outre découvrir les turpitudes, la corruption et la débauche qui sévissaient dans la capitale pontificale. Pour qui avait été nourri des auteurs latins, la découverte des moeurs de Rome ne pouvait que décevoir. Ces déceptions, le fait de végéter à un poste d’intendant pendant que ses amis restés en France connaissent le succès à la Cour, rendent Joachim Du Bellay de plus en plus nostalgique de son pays natal.

En 1557, après la défaite de Saint-Quentin, le cardinal Jean du Bellay, qui n’est pas parvenu à convaincre Paul IV, doit reconnaître l’échec de sa mission. Joachim du Bellay rentre en France.
De retour à Paris, en 1558, il publie Les Regrets, un recueil de 191 sonnets en alexandrins, peinture de la Rome pontificale en proie aux intrigues de cour dominée par le portrait du poète en Ulysse, (Heureux qui comme Ulysse). Il publie également la même année Les Antiquités de Rome, quête de la Rome païenne, mais surtout méditation sur le destin des empires. Ce recueil de trente-deux sonnets, suivi d’un Songe de quinze sonnets, d’une tonalité grave et presque solennelle, reprend un motif traditionnel de la poésie consacrée à Rome, puisqu’il chante la gloire passée de la Rome antique, contrastant violemment, aux yeux du poète, avec la Rome dans laquelle il évolue, celle des papes, où il ne voit que luxure, bassesse et compromission. Toujours en 1558, Divers jeux rustiques vient tempérer l’image mélancolique des deux autres livres. Du Bellay a conçu son recueil comme un divertissement, multipliant les imitations, mêlant les tons, y faisant figurer un Hymne à la surdité qui visait bien évidemment Ronsard mais aussi Du Bellay lui-même.

Après la mort accidentelle du roi en juillet 1559 (une lance lui perce l’oeil pendant un tournoi), Du Bellay essaie de plaire à François II, âgé de quinze ans et l’époux de Maria Stuart. Mais le poète est de plus en plus troublé par des disputes de famille et par sa santé. Enfin, en 1559, la régente Catherine a un geste et l’inscrit parmi les pensionnés en 1559 de François II, auquel il avait adressé un Ample discours au Roi sur le fait des quatre états du royaume de France . Du Bellay doit à nouveau se défendre concernant la terre d’Oudon, la terre acquise de façon douteuse par son oncle René du Bellay. L’affaire trouve enfin un arrangement : en échange d’une indemnité, du Bellay renonce aux droits de sa famille sur cette terre. Cet accord va lui permettre de s’affranchir de ses soucis financiers Sa santé se détériore. Sourd et malade, il meurt le 1er janvier 1560 à 37 ans, d’une apoplexie. Il est inhumé à Paris, en la chapelle des Saint-Crépin et Crépinien dans le choeur de la cathédrale Nôtre-Dame de Paris. La tombe de Du Bellay n’existe plus à cet endroit. La chapelle de Saint-Crépin et Crépinien est actuellement sous le patronage de Saint-Georges.

La Turmelière demeure possession des du Bellay jusqu’en 1562, date à laquelle décède sans descendance Claude du Bellay, neveu de Joachim mort deux ans plus tôt. Le domaine revient alors à la sœur du poète Catherine, mariée à Christophe du Breil. Jusqu’en 1643 les du Breil sont maîtres de la Turmelière.

Sa vie

Débuts littéraires:

Joachim Du Bellay est né près de Liré, en Anjou, au sein d'une famille de notables provinciaux de grand renom. C'est à Poitiers, où il étudie le droit (1545) qu'il commence à s'intéresser à la poésie. Il se lie d'ailleurs à cette époque avec des poètes tels que Jean de La Péruse, Jacques Peletier du Mans, tous deux futurs membres de la Brigade, mais surtout avec Pierre de Ronsard, dont il fait la connaissance en 1547, et qui deviendra son meilleur ami en même temps que son plus grand rival en matière de poésie et de renommée.

Avec ce dernier, en effet, il gagne Paris et intègre le collège humaniste de Coqueret, où il rencontre encore Jean Antoine de Baïf. Ce collège du Quartier latin est alors dirigé par l'érudit Jean Dorat (qui rejoindra le groupe de la Brigade à l'invitation de Ronsard), admirateur fervent et traducteur exigeant des grands auteurs de l'Antiquité grecque et romaine. Du Bellay s'y trouve bientôt admis dans un cercle restreint de lettrés dont la principale occupation est l'étude et la pratique des textes anciens et des poètes italiens. Ce cercle, alors baptisé « la Brigade » (puis plus tard et par hasard, la Pléiade), prend le parti, pour la première fois après la publication en 1548 de l'Art poétique du rhétoriqueur Thomas Sébillet, qui préconise aussi bien l'usage des formes médiévales françaises que des formes antiques, d'exposer et de développer une véritable théorie littéraire et savante.

En réponse à Sébillet, avec lequel en réalité le désaccord est mince, et au nom de la Brigade, Du Bellay rédige une sorte d'art poétique intitulé Défense et Illustration de la langue française. Dans cet opuscule généralement considéré comme le manifeste de la Brigade, le poète préconise, contre les défenseurs du latin et les poètes marotiques, l'usage de la langue française en poésie. Il appelle en outre de ses vœux l'enrichissement du vocabulaire par la création de termes nouveaux (abréviations de termes existants, création de mots composés, réactivation du sens des racines anciennes, etc.). Les emprunts à d'autres langues, régionales ou étrangères (grecque et latine notamment), sont également conseillés, à condition que les mots choisis soient adaptés en français. Du Bellay recommande aussi d'abandonner les formes poétiques médiévales employées jusqu'à Clément Marot et préconise l'imitation des genres en usage dans l'Antiquité, tels que l'élégie, le sonnet, l'épopée ou l'ode lyrique , mais aussi la comédie et la tragédie .
L'art du poète, tel que le définissent Du Bellay et ses confrères, consiste donc à se consacrer à l'imitation des Anciens, tout en respectant certaines règles de versification spécifiquement françaises; son but ne doit pas être celui de distraire seulement, mais de célébrer des valeurs éternelles et de chanter les louanges des grands hommes, qui se trouvent ainsi voués à l'immortalité grâce à la beauté des vers.

Une jeunesse "obscure" (1522-1547)

Issu d'une famille déjà célèbre par ses hommes de guerre et ses diplomates, JOACHIM DU BELLAY est né en 1522 au château de La Turmelière, près de Liré, en Anjou.
Maladif, orphelin de bonne heure, négligé par son tuteur, il passe une enfance rêveuse dans le manoir paternel, sans grande activité. Il souhaitait s'illustrer dans la carrière des armes, sous l'égide de son cousin Guillaume de Langey, gouverneur du Piémont ; mais la mort de ce parent en 1541 ruine ce projet.

Il se tourne alors vers l'état ecclésiastique, comptant sur le crédit d'un autre cousin : le cardinal JEAN DU BELLAY, évêque de Paris et diplomate. Pour se préparer à servir le cardinal, il étudie le droit à la Faculté de Poitiers, vers 1545.

A Poitiers, Joachim Du Bellay fait la connaissance de l'érudit Muret, des poètes Salmon Macrin et Peletiers du Mans, lequel influencera les idées de La Pléiade. Il rédige ses premières Poésies latines et françaises.

A la fin de 1547, il quitte Poitiers pour Paris, afin de suivre Ronsard. En effet, Du Bellay aurait rencontré Ronsard (âgé alors de 23 ans) aux environs de Poitiers. Chez son ami Jean-Antoine de Baïf, Ronsard avait suivi les leçons de l'helléniste Jean Dorat. Ce dernier venait d'être nommé à la fin 1547 principal du Collège Coqueret, à Paris. Les deux jeunes gens, qu'il avait passionnés pour l'étude de la poésie, décidèrent de le rejoindre à Paris.

Le Collège de Coqueret (1547-1549)

Sous la direction de Dorat, Du Bellay étudie les auteurs de l'Antiquité (plutôt les auteurs latins, alors que Ronsard et Baïf s'intéressent aux grecs). Il étudie aussi l'italien et découvre Pétrarque (son premier recueil de sonnets, L'Olive, est composé à la façon des sonnets pétrarquistes).

En 1549, Du Bellay publie :

Défense et illustration de la langue françoise, conçu avec Ronsard. Il semble que la responsabilité en soit revenue à Du Bellay parce qu'il était protégé par le cardinal Jean Du Bellay, alors représentant de la couronne à Rome.

L'Olive, recueil de sonnets inspirés de Pétrarque.

Vers lyriques, recueil inspiré du poète latin Horace.

Recueil de Poésie (novembre 1549), dédié à la princesse Marguerite, soeur du roi Henri II. Ce recueil lui permet de devenir poète de cour.

Trois ans de souffrances (1550-1552)

Surmené par cette production fiévreuse, Du Bellay tombe malade et reste plus de deux ans à souffrir ; il commence aussi à devenir sourd.

Il cultive la poésie et la lecture des auteurs grecs et latins afin d'oublier son mal, mais cette épreuve donnera déjà des accents personnels à sa poésie. Certes la traduction en décasyllabes du IVe livre de l'Enéide (1552) relève des lectures, mais la Complainte du désespéré évoque sa déchéance physique (à 30 ans !) avec des accents personnels.


Le séjour à Rome (1553-1557)

En 1553, le cardinal Jean Du Bellay, qui avait été en disgrâce, est rappelé par le roi Henri II, en guerre contre Charles-Quint, pour négocier avec le pape Jules III. Le cardinal accepte d'emmener son cousin Joachim Du Bellay comme secrétaire.

Les espoirs

Joachim Du Bellay nourrit une double ambition.

Rome est la capitale de la chrétienté d'Occident, et le siège de la papauté : capitale spirituelle et temporelle, elle offre de nombreux espoirs de carrière.

Ancienne capitale de l'Empire romain, Rome est aussi le lieu que tout humaniste rêve de fréquenter : non seulement pour les vestiges de l'Antiquité, mais aussi parce que la Renaissance érudite et artistique a pris racine en Italie...

Les déceptions et l'amertume

Joachim Du Bellay fut doublement déçu :

Il était chargé par le cardinal son cousin du "ménage". C'est-à-dire qu'il était intendant et devait s'occuper de régler les divers créanciers, voire de les faire patienter (le cardinal entretenait plus de cent personnes en un magnifique palais). Ces occupation ingrates l'ennuient et ne correspondent pas à son goût de la poésie.

Sa fonction lui fit en outre découvrir les turpitudes, la corruption et la débauche qui sévissaient dans la capitale pontificale. Pour qui avait été nourri des auteurs latins, la découverte des moeurs de Rome ne pouvait que décevoir !

Ces déceptions, le fait de végéter à un poste d'intendant pendant que ses amis restés en France connaissent le succès à la Cour, rendent Joachim Du Bellay de plus en plus nostalgique de son pays natal, nostalgie qu'il est le premier à dépeindre (voir le sonnet XXXI des Regrets).


Le retour en France (1557-1560)

A son retour en France, Joachim Du Bellay désire reprendre sa place parmi les poètes de cour. Il publia les pièces composées à Rome, et qu'il avait dû garder par égard pour son protecteur le cardinal, et pour la mission diplomatique de celui-ci.


1558 : Les Antiquités de Rome, Les Regrets, Poemata, Jeux rustiques

1559 : Le Poète Courtisan. S'il parvient à se faire entendre à la Cour, Du Bellay
doit tout reprendre à la mort d'Henri II, en juillet 1559. Il parviendra à se faire inscrire sur la liste des pensions du successeur François II, auquel il avait adressé un Ample discours au Roi sur le fait des quatre états du royaume de France (1559).

Mais les affaires privées de Du Bellay sont en piteux état : ses biens lui sont contestés.

Déçu par le succès de jeunes poètes de Cour, épuisé par les tracas concernant ses biens, ayant des démêlés avec plusieurs de ses parents (dont semble-t-il le cardinal lui-même, peu content de certains sonnets des Regrets), Joachim Du Bellay a vu s'accroître sa surdité : il ne communique plus que par écrit dès 1559.
Il meurt le 1er janvier 1560, à 37 ans, dans la nuit, en écrivant des vers.

Bibliographie

A la ville du Mans
L'Olive
Vers Lyriques
Poésies françaises dédiées à la princesse Marguerite, soeur de Henri II
Le Tombeau de Marguerite de Valois
Les Regrets
Les Antiquités de Rome
Poésies Latines
Le Poète courtisan
Discours sur la poésie
Sonnets à la reine de Navarre
Défense et illustration de la langue française

Œuvres principales

A Défense et illustration de la langue française (1549)
B : l'Olive (1549)
C : Antiquités de Rome (1558)
D : Regrets (1558)
E : Divers jeux rustiques (1558)

Son Style


La poésie du XVIe siècle, essentiellement anonyme, est écrit le plus souvent sur des motifs préétablis et dans un langage qui doit plus à la rhétorique qu’à une expérience vécue. Le ``je`` du poète est un autre ; il désigne un être indéterminé qui cherche à s’identifier avec une écriture collective. Du Bellay échappe partiellement à cet anonymat, mais sans jamais se dégager du processus scriptural par les configurations de sa poétique. Certains écrivains, ayant fait des ouvrages sur Du Bellay vont même jusqu’à dire que : ``sont œuvre est un véritable carrefour de rencontres littéraires, un foyer d’influences et de permutation de texte divers``. Les œuvres de Du Bellay suppose la métaphorisation du ``moi``, son intégration dans un univers de correspondances sémantiques et linguistiques. La parole n’est pas mise au service d’une expression personnelle ; elle cesse de lui appartenir, de traduire sans immédiat, pour figurer le fonctionnement d'un langage se cherchant et se reproduisant lui-même.
Les historiens de la littérature ont cru discerner chez Du Bellay une réaction contre l'écriture pétrarquiste au profit de la subjectivité. Mais l’élément autobiographique dans Les Regrets, ne dépasse jamais le plan du poétique, le ``moi`` s’y manifestant, comme d’ailleurs dans l’Olive ou Les Antiquités de Rome, D’une manière détournée à travers les interrogations du langage.

Son langage


Du Bellay ne cherche pas à déposer dans l’espace du texte la durée d’une expérience ; il vise plutôt à trouver un langage qui traduise son idée de l’adéquation poétique. Il y a donc une relation métonymique entre l’idéal linguistique et les diverses figurations. L’onomastique détermine une écriture close et circonscrite dont la reflexibilité décèle la présence du commentateur.

La recherche d’un langage immédiat, simplifié et par conséquent démétaphorisé, aboutit à un refus du pétrarquisme. La confrontation de ces deux langages est pour Du Bellay l’occasion dont la plupart sont usées, mais auxquelles il pourrait encore adhérer secrètement. Puisque Du Bellay trouve que le langage à été dénaturé par les artifices de la métaphorisation pétrarquiste, il vise à substituer la simplicité et le naturel.
Malgré la primauté qu’il accorde au langage. Du Bellay donne l ‘impression de parler beaucoup de lui-même, mais ses confidences se réfère de plus en plus à l'écriture. Il généralise sa participation. Au lieu de faire des aveux sur son ``moi`` essentiel, Du Bellay se demande comment on peut en faire ; il s’interroge sur les obstacles à une poésie personnelle et créer par-là les moyen d’une écriture qui se commente.

Sa Rome

Rome occupe ,dans l’œuvre de Du Bellay, une place prédominante. C’est un nom qu’il ne cesse d’interroger et qui importe plus à son écriture que le souvenir de l'Anjou ou l’examen de son ``moi``. Dans son optique destructrice, Rome est dépoétisée, c’est un nom dont il enregistre les différentes transformations sémantiques et qui témoigne par son arbitraire de l’inconstance universelle.

D’une part Rome est la ville, l’urbs qu’il oppose au locus amoenus de l’Anjou et dont l’art et l’artifice ne réussissent pas à dissimuler les ruines à la fois architecturales et morales. D’autre part, Rome implique un langage emphatique, oratoire, que Du Bellay voudra atténuer.

L'Olive et la Veine Pétrarquiste:

Du Bellay met en application ses théories dans l'ensemble de son œuvre poétique. En 1549, en même temps que le texte de la Défense, il publie l'Olive, un recueil de sonnets amoureux dédié à Marguerite de France, et dont l'inspiratrice, s'il en est une, reste à ce jour mystérieuse. Dans sa première édition, l'ouvrage regroupe cinquante poèmes, mais il est étoffé de soixante-quinze sonnets en 1550, dans le recueil de l'Olive augmentée. Le succès du sonnet en France doit sans doute beaucoup à cet ouvrage qui mêle sonnets originaux et sonnets imités du Canzoniere de Pétrarque.

Du Bellay publie ce recueil en 1549. L’Olive se distingue par la perfection de son langage ; il résiste cependant à l’interprétation à cause de ses tendances allusives et surtout parce que le nom choisi par Du Bellay pour désigner son sujet reste trés ambigu. Au lieu de délimiter le champ onomastique d’Olive, il hésite entre une identité végétale et humaine, assimilant la culture de la plante/femme à celle de la production poétique. Dans le déroulement du recueil, le nom commun précède le nom propre et figure d’abord les qualificatifs de la poésie souhaitée.
Du Bellay établit, de cette façon, le rapport déterminant entre la quête de la perfection poétique et le symbole de cette quête, l’olive, forme ronde, lisse, close, qui, par métamorphose, devient Olive, femme dont les attributs relèvent d’une même symbolique. Il est, par ce fait, évident que Du Bellay s’intéresse à la formation d’un langage et que l’expérience qui en détermine les contours est d’ordre poétique plutôt qu’amoureux.

Les Regrets et les Antiquités de Rome:

De 1555 à 1557, Du Bellay vit à Rome, pour y remplir la fonction de secrétaire auprès de son oncle le cardinal Jean Du Bellay. Ce séjour au pays d'Horace et de Pétrarque le séduit d'abord, puis le déprime profondément. D'une santé fragile, isolé par la surdité dont il est atteint, et surtout nostalgique de son Anjou natal, il ne peut apprécier la beauté de Rome sans amertume: le spectacle des ruines qui le plonge dans une sombre méditation sur le déclin de toute chose, lui inspire le recueil les Antiquités de Rome, publié à son retour en France, en 1558. Ce recueil de trente-deux sonnets, suivi d'un Songe de quinze sonnets, d'une tonalité grave et presque solennelle, reprend un motif traditionnel de la poésie consacrée à Rome, puisqu'il chante la gloire passée de la Rome antique, contrastant violemment, aux yeux du poète, avec la Rome dans laquelle il évolue, celle des papes, où il ne voit que luxure, bassesse et compromission. Du Bellay renouvelle pourtant ce thème, en élargissant l'objet de sa déploration à la disparition fatale de toute chose créée, ce qui donne lieu à une méditation sincère et émouvante sur le temps destructeur et sur la vanité de l'existence. À Rome, il compose aussi son célèbre recueil les Regrets, publié à Paris la même année que les Antiquités de Rome. Ce recueil de cent quatre-vingt onze sonnets, à la fois lyrique et satirique, se présente comme le tableau intime des états de l'âme naturellement insatisfaite du poète, en particulier de sa nostalgie profonde de la France et de la campagne angevine. Comparé aux Antiquités de Rome, les Regrets est, aux yeux de son auteur, un projet poétique plus modeste, car plus personnel: ce n'est plus Rome qui occupe ici le devant de la scène, mais la mélancolie et les « regrets » de l'auteur, saisis au jour le jour et composés dans une langue simple délaissant les artifices de la rhétorique et le style élevé.


Résumé - Les Regrets

Les Regrets est un recueil de poèmes de Joachim du Bellay (1522-1560), écrit lors de son voyage à Rome de 1553 à 1557 et publié à son retour en 1558.

Le recueil comprend 191 sonnets d'alexandrins. C'est une nouveauté. Autre innovation, c'est un recueil de facture pétrarquiste. Mais le sujet n'est pas l'amour pour une femme. Le pays natal la remplace. C'est aussi, comme le remarque Yvonne Bellenger, ''le premier recueil de sonnets qui ait fait résonner la satire en France''. On distingue trois sources d'inspiration: élégiaque, satirique et encomiastique. Revenu en France, le poète y retrouve les travers observés à Rome.

Parallèlement à ces incursions dans le passé, la Rome ancienne dans les songes, Du Bellay va s’exercer, dans Les Regrets, sur le présent de Rome, son propre présent et le présent de son écriture. Dès le premier sonnet de ce recueil, il prend position contre une écriture métaphorisante qui désigne et transforme plutôt qu’elle ne nomme directement.

Dans Les Regrets, Du Bellay cherche à définir et à illustrer une poétique du dépouillement, à supprimer tout élément aléatoire dans l'évolution du poème. Il cherche un langage dont la pauvreté syntaxique et lexicale est l’indice d’un écrivain qui dirige son poème et n’y tolère aucun éléments incontrôlés et incontrôlables. La métaphore chez Du Bellay, surtout dans Les Regrets, plus statique que dynamique, plus pictural que fonctionnelle, n’est pas fondue dans la trame.
Du Bellay use d’une dynamique constante, les strates juxtaposées plutôt qu’imbriquées soulignant la qualité «pédestre » de son «chant », l’image ample et longuement soutenue provenant d’une éloquence perdue ; au moment où il condamne la métaphorisation il y retombe pour en marquer son éloignement.

Derniers textes:

À son retour en France, Du Bellay publie aussi d'autres recueils de tonalité plus légère, tels les Divers Jeux rustiques (1558), les Poemata en latin (1558), ou le satirique Poète courtisan (1559), tout en se consacrant à des travaux de traduction (comme la traduction de deux livres de l'Enéide de Virgile ou du Sympose de Platon en 1559), d'imitation des Antiques (Recueil de poésie revu et augmenté par l'auteur, en 1560) et à la poésie officielle ou de louange (Louange de la France, en 1560, ou Sonnets à la Royne de Navarre, publiés à titre posthume en 1561), qui font de lui l'un des plus éminents spécialistes de son temps.
Revenu d'Italie en mauvaise santé et épuisé par la maladie, Du Bellay meurt à Paris à l'âge de trente-sept ans.
( Azadunifr )



2 commentaires:

À 4:02 PM , Anonymous Anonyme a dit...

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Joseph

 
À 7:45 AM , Blogger Unknown a dit...

Merci bien de partager avec nous cet article .

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